« Récits de vie » – stage mai 2022 (1)

Textes du stage d’écriture créative du 15 mai 202.

Thème « Récits de vie »

Texte par Sylvie Gimmig

 

A l’ombre du grand chêne, tête renversée, je respire le ciel.
Au détour du chemin, le chant fluet de la fontaine.
Entre les joncs, une barque glisse.
Dans le couchant, le battement d’un millier d’ailes.
Bateaux de pêche sur galets gris. Coques colorées renversées. Filets emmélés. Cordages délavés.
La mer au loin. Sable et rochers. Falaises calcaires.
Trois cormorans sur ciel bas.
Au dessus de la plage, une rangée de maisons. Toutes les mêmes. Roses et narcisses dans le jardinet. Pelouse tondue. Portillon en bois.
Briques et pierre.
La mer au loin. Le ressac, rochers, écume.
Deux transats rayés bleu et blanc et un vol de goélands.
Voici Charmouth au printemps.
Il fait encore nuit. la lune est dans le ciel. J’enfile ma combinaison. J’attends le zodiac comme le reste de l’équipe. Nous sommes sur une île indonésienne, au nord de Bali. Nous sommes six, un moniteur et cinq novices.
Le soleil apparait sur la ligne d’horizon, timide. Le bateau arrive et nous embarquons tous, un peu nerveux et anxieux. C’est la toute première fois.
Le voyage est inconfortable. Le zodiac frappe les vagues de plein fouet. Après vingt minutes de stress, coupure du moteur. Attente. Sur la mer, plus de clarté. Le moniteur scrute l’horizon avec ses jumelles. Il nous demande de faire silence. Nous n’entendons que le clapotis de l’eau. En moi, une appréhension.
Le guide pointe dans une direction . Au loin, les nageoires de dauphins les unes à côté des autres ; ils sont nombreux. Une colonie.
J’entends leur chant ; je vois leur grâce. Je suis émue.
Le bateau navigue à petite vitesse. Nous nous rapprochons. Le guide saute à l’eau en premier. Nous suivons un par un.
La colonie nage en cercle. Prise dans un tourbillon , je me laisse faire. Un remous qui me porte sous l’eau, hors de l’eau. Je me laisse tirer. Leur peau est visqueuse. Je suis dans un autre monde. Jouissance inconnue, mais à la fois connue.
J’ouvre les yeux, je les ferme. Je reprends mon souffle.
Et puis, le calme. Nous les regardons s’éloigner.
Au vu du sentier qui mène à la chapelle
Au vu du vieil homme assis sur le banc
Au vu du silence des peupliers
Au vu du cheval qui galope dans la prairie
Bon d’accord, je reste.
Est-il possible à l’heure actuelle, qu’avec le même niveau d’études, les femmes n’ont pas le même salaire que les hommes ?
Oui, c’est possible.
Est-il possible qu’avec tout le dispositif associatif, des familles en France ne mangent pas à leur faim ?
Oui, c’est possible.
Est-il possible qu’après des années de recherche médicale, il n’y ait pas de traitement préventif contre le cancer ?
Oui, c’est possible.
Est-il possible que des réfugiés soient encore parqués dans des ghettos dans des conditions inhumaines ?
Oui, c’est possible. Sylvie Gimmig

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